Noël : Guide de survie

Chaque année, j'accueille de nombreux patients souffrant d'anxiété à l'approche de cette période. Entre les familles dysfonctionnelles, la pression financière, la course au temps et aux cadeaux, le dictat de la joie et du consumérisme,... Noël n'est pas nécessairement une célébration, une source de plaisir pour tous. Cet article vise à donner quelques pistes et alternatives pour passer du mode survie au mode réconfort.

La pression familiale : comment gérer ?

Noël est parfois utilisé de façon inconsciente comme un moyen pour la famille de tester le lien de loyauté. Le 24 et le 25 décembre deviennent ainsi des dates impératives dans le calendrier où l'on est invité à se plier en six (en gardant sa respiration, si possible), pour que notre présence devienne messagère de notre fidélité à toute épreuve.

Or, il y a des contextes compliqués, avec des parents divorcés qui habitent aux quatre coins de la France ou ailleurs, certains s'obligent à se séparer de leur conjoint(e) pour satisfaire les besoins des belles-familles, d'autres sont réactivés dans des blessures ou conflits irrésolus dans la famille et n'ont simplement plus envie de fêter Noël. Bref, les situations peuvent être très différentes et à la fois elles peuvent se rejoindre au même endroit : il semble parfois difficile de s'autoriser à désobéir aux règles implicites dictées par la famille, d'où l'anxiété que cela génère.

Si j'avais un seul conseil à donner pour gérer les insatisfactions des uns et des autres, ce serait de se rappeler que Noël n'est pas une date mais une période. Il est tout à fait autorisé de gentiment le rappeler à ses proches, sans partir dans des autoroutes de justifications mais en utilisant une formulation courte et simple, par exemple : "Nous ne seront pas disponibles à cette date mais nous pourrons l'être début janvier " ou encore, "Je ne pourrai pas venir à Noël cette année mais je pourrai à Pâques". Ainsi, vous ne dites pas non à un moment de famille mais bien à la date, et distinguer ces deux choses-là est fondamental pour vous permettre d'acquérir plus de flexibilité.

Le jour J : accordez-vous de la mobilité

Vous avez l'habitude de rester des heures à table et les conversations virent toujours vers des débats politiques et des problèmes de familles vinaigrés ? Une personne de votre famille est désagréable avec vous et vous avez envie de mettre les voiles ? Noël peut en effet être une fête qui cristallise tout particulièrement les rancoeurs, les tensions, les non-dits. Et au plus les années passent, au plus ce "paquet cadeau" amer peut devenir important et insupportable. Si vous craignez d'être paralysé par des moments de contrariété : autorisez-vous à changer de moment. Et pourquoi pas se lever de table, aller prendre l'air, prendre un petit carnet d'écriture ou de dessin avec soi, proposer un jeu de société, mettre de la musique et danser... ? Ce n'est pas parce que la fête se déroule toujours de la même façon que vous êtes obligé, à titre individuel, de vous y conformer.

Si vous avez l'habitude que les mêmes personnes parlent des mêmes choses qui vous énervent, interrogez votre énergie en premier : est-ce que cela me fait plaisir, là maintenant, de m'engager dans cette traditionnelle conversation annuelle avec mon oncle sur ses positions politiques alors qu'une bouteille de vin nous sépare ou bien est-ce que je préfère aller jouer aux Lego avec mon neveu ?

Noël sans famille

Que vous n'ayez plus de liens familiaux ou que vous décidiez de fêter Noël sans, sachez que le droit de célébrer Noël n'est pas exclusif à la famille. C'est alors l'occasion de se questionner sur son propre plaisir. Et si vous décidiez cette année de vous célébrer, vous ? Et pourquoi pas profiter de cette occasion pour vous remercier de tous les efforts menés cette année, de ce que vous avez réussi à faire avancer dans votre vie ? Et si vous partiez seul(e) dans un endroit qui attise votre curiosité depuis longtemps ? Et si vous décidiez de rester chez vous, pour vous reposer, simplement ? Ce n'est pas parce que vous ne fêtez pas Noël en famille qu'il n'est pas possible de profiter de cette date pour autre chose. Ne rien faire et vous reposer, vous préparer un repas festif avec ce fameux film que vous avez envie de voir depuis longtemps, partir juste en couple, tout est autorisé. Le principal étant de ne pas perdre le lien avec ses besoins et ses limites.

Les cadeaux

Il est fondamental de rappeler que Noël est avant tout une fête du lien : le lien à soi, à l'enfant que vous avez été, à la famille, au couple, à vos enfants si vous en avez... Que vous n'ayez pas les moyens d'offrir des cadeaux ou que vous n'ayez simplement pas envie d'acheter pour acheter, il peut être intéressant de ré-attribuer aux cadeaux leur valeur de lien. Et si, cette année, vous décidiez d'offrir un moment qui tranche avec les habitudes ? Et pourquoi pas un dessin, une peinture, un poème ou encore, transmettre un objet qui a de la valeur pour vous ? Ce n'est pas parce qu'un cadeau est neuf et cher qu'il a plus de valeur qu'un autre. En revanche, la valeur d'un cadeau réside dans l'intention que vous y mettez.

Et si vous profitiez également de Noël pour vous offrir un cadeau ou un moment à vous ? Ne jamais rien s'offrir mais tout offrir aux autres communique en ce sens à quel point nous pouvons nous faire passer toujours au second plan. Alors peut-être que Noël peut devenir l'occasion de vous rappeler que votre lien aux autres est important mais ne doit pas être au détriment de votre lien à vous-même.