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C'est quoi la différence entre un ami et un psychologue ?

  • Photo du rédacteur: Camille Lafond
    Camille Lafond
  • 9 sept. 2024
  • 9 min de lecture

Dernière mise à jour : 3 févr.

Vous avez peut-être déjà entendu des personnes de votre entourage vous dire "J'ai pas besoin d'un psy j'ai des amis à qui parler ", ou encore, " Pourquoi tu paies un psy alors que tu peux te confier à tes parents ou à ton meilleur ami ? ". Un ami peut-il remplacer un psychologue ? Pour répondre à cette question, encore faudrait-il vérifier si un psychologue peut remplacer un ami... ou pas.



Les amis sont très importants dans la vie, souvent, on les compte sur les doigts d'une main. Ce sont ceux et celles avec lesquel(le)s nous pouvons nous sentir totalement nous-mêmes et soutenus. Nous savons que nous pouvons compter sur eux. Mais sont-ils réellement disponibles à tout moment ? Ont-ils la formation suffisante et l'espace psychique suffisamment dégagé pour nous guider dans nos tourments les plus sombres ? Peut-on envisager de leur parler de nos problèmes sans conséquence sur la relation ? Notre inconscient s'adresse-t-il à eux de la même façon ? Questions réponses.


Une relation amicale n'est pas une relation soignante


Evidemment que l'on peut demander des conseils et parler de ce que l'on traverse à nos amis ou à notre famille. Nous pouvons aussi demander des idées de recettes à notre meilleur ami cuisinier ou des conseils de couture à Tata Gisèle et pour autant, ils ne vont pas tout à coup se transformer respectivement en professeur de cuisine ou de couture. Si vous avez un ami sensible, intuitif, voire même psychologue, c'est pareil. C’est agréable d'échanger de façon intime et sincère avec des personnes dotées de ces qualités ou ayant un savoir particulier, mais attention à ne pas confondre les places de chacun.


D'ailleurs, quand nous sommes psychologue, nous ne soignons pas notre famille ni nos connaissances, c'est contraire à la déontologie et au delà de ça, ce serait complètement absurde et abusif. D'ailleurs, ce serait mal comprendre notre métier et ce qui nous motive à l'exercer. Car ce serait sauter à pieds joints dans la posture illusoire du sauveur. Ce n'est pas parce que je possède un savoir qu'il me rend tout puissant.


Attention à la confusion des places : une mère n'est pas la meilleure amie de sa fille, un professeur qui encourage son élève et le valorise n'est pas un père, et un ami n'est pas un psy, même s'il vous dira "tu pourras toujours compter sur moi, n'hésite pas, même à quatre heure du matin". C'est très gentil, certes, mais nous pourrions aisément rajouter une partie manquante à cette phrase que l'on pourrait traduire comme suit : "Mais si tu m'appelles toutes les nuits à quatre heure du matin cela perturbera mon sommeil et il y a un moment ça deviendra compliqué pour moi ". Ce qui est normal.



Vous allez me dire, nous ne pouvons pas non plus appeler un psychologue à quatre heure du matin. En effet, personne n'est à la disposition de personne. Et si on vous prétend l'inverse, c'est que vous n'êtes pas dans une relation d'amitié constituée de limites saines mais dans une relation avec quelqu'un qui joue les sauveurs et qui, à votre insu (et parfois à son propre insu également), entretient une relation de dépendance avec vous. Car oui, il y a des personnes qui se sentent rassurées lorsque l'on a besoin d'elles. D’un autre côté, il faut se rendre à l'évidence : être ami avec une personne qui ne parle que d'elle et de ses problèmes en permanence sans se demander si vous êtes disponible pour cela ni comment vous allez, il y a un moment ça devient compliqué. Et c'est normal.


Des limites claires sont nécessaires au bon fonctionnement de n'importe quelle relation saine. Pour le psychologue par exemple, ses limites sont régies par son cadre de travail (et c'est pourquoi nous n'avons pas tous le même d'ailleurs). Il n'y a pas de relation thérapeutique possible en dehors d'un cadre de travail bien ficelé, clair, et bien formulé. Il est sa condition première. C'est parce que le psychologue n'est pas disponible en dehors de son cadre que cela permets à ses patients de mobiliser des ressources en dehors de lui. C'est aussi parce que le patient n'a pas de relation quotidienne avec son psychologue qu'un travail thérapeutique est possible.


Les conseils ne sont pas ce dont nous avons le plus besoin pour travailler sur nous-mêmes


En effet, on peut ne pas se rendre compte du fait que les conseils que l'on reçoit de la part de notre entourage ne sont pas toujours dénués de projection. Par exemple, il vous est peut-être déjà arrivé que votre père vous dise : "Ne te prend pas la tête, c'est le passé on ne pourra pas le changer", lorsque vous abordez avec lui un secret de famille. Peut-être que pour lui, ce sujet est plus douloureux que ce qu'il veuille bien laisser paraitre, et ne pouvant pas se le formuler, il suggère que c'est vous qui pensez trop ou qui êtes trop sensible. Peut-être encore que des amies vous répètent en permanence de quitter votre conjoint dont vous vous plaignez souvent mais qu'en réalité, elles supportent moins votre conjoint que vous et qu'à votre place, elles n'hésiteraient pas à plier bagage.

Le fait est que, personne n'est à votre place. Pas même un psychologue.


Un psychologue est censé avoir réalisé un long travail thérapeutique sur lui-même pour prendre conscience de ses problématiques et les travailler à bras-le-corps, de façon à ce que celles-ci ne viennent pas empiéter sur les séances de ses patients. Et malgré tout, cela peut toujours arriver, car même le meilleur des psychologues du monde reste un humain. C'est pourquoi il a recours à des supervisions pour l'aider à faire la part des choses quand cela est nécessaire.


Un psychologue n'est pas un coach ni un gourou qui vous dit ce qu'il faut faire pour résoudre vos problèmes. Il arrive, bien sûr, de donner des conseils de temps à autre mais ce n'est pas le coeur de notre travail et c'est toujours réalisé avec beaucoup de prudence. Nous n'annonçons jamais de solution miracle, car il n'en existe pas. Les prétendues promesses de solutions de bien-être que l'on vend sur les réseaux ou ailleurs sont infantilisantes vis-à-vis de l'appareil psychique, elles sont déconnectées du réel, et elles ne tiennent pas compte de votre propre responsabilité vis-à-vis de l'écoute de vos limites et de vos besoins.



Imaginez qu'un jour, un psychologue vous dise qu'il suffit de quitter votre boulot pour aller mieux. D'une part, non seulement ce serait très infantilisant mais ce serait aussi culpabilisant, car si en effet, vous savez que votre boulot vous plombe mais que vous ne le quittez pas pour autant, c'est qu'il y a des raisons à explorer, un processus d'élaboration à respecter, et tout cela prend du temps. D'autre part, ce serait très tentant d'avoir en face de soi un psychologue qui sache tout, qui règle tout, sans que l'on n'ait rien à déployer, car cela nous déchargerait du poids de nos responsabilités.


Ainsi, si notre inconscient parlait à ce moment-là, il pourrait dire au psy : "Dites moi ce que je dois faire, au pire, si je suis toujours malheureux après, je vous le reprocherai !" Et hop, nous voilà encore pris dans un schéma relationnel où l'autre est soit un sauveur, soit un bourreau. Voilà pourquoi les conseils, c'est sympa, mais ce n'est pas ce dont vous avez besoin pour pouvoir dépasser vos problématiques.


On ne raconte pas la même chose à un ami et à son psychologue


Il peut arriver qu'à notre insu, on se dirige vers les amis qui vont nous dire ce que l'on a besoin d'entendre pour être réconforté dans nos ressentis. Mais comme le dit à très juste titre Marie Estelle Dupont dans son livre "Se délester du poids du passé" : on ne va pas chez le psychologue pour trouver du réconfort, on y va pour travailler sur soi, avec une demande et des questionnements. C'est ainsi que l'on s'engage dans un cheminement pour amorcer des changements.


Il arrive aussi que l'on n'ose pas tout dire à ses amis. Parfois, aussi, nous avons l'impression d'avoir absolument tout raconté mais en fait non, car à notre insu, notre inconscient filtre ce que l'on raconte en fonction de la personne à qui on s'adresse. On ne peut pas faire fi du regard que l'autre pose sur nous : c'est difficile de tout raconter à ses amis dans les moindres recoins de notre pensée car cela peut activer notre crainte que leur regard change sur nous, voire de les perturber. Et c'est quelque chose de tout à fait sain, en un sens, car une relation amicale sincère et profonde ne doit pas être conditionnée par le fait de tout savoir de l'autre ou par le fait de s'être entièrement livré à lui. Nous avons tous un jardin secret et accepter cela nous aide aussi à respecter celui des autres.


Le psychologue quant à lui, est neutre et sans jugement dans son cadre. Il peut tout entendre, tout recevoir, il est formé pour cela.


En revanche, être neutre ne veut pas dire être indifférent. Le psychologue est lui aussi, soutenant, bienveillant, la sincérité et l'empathie sont des ingrédients importants à la relation thérapeutique. On pratique ce métier avec le coeur dans une juste mesure, sinon ce n'est pas agréable ni pour le psy, ni pour le patient. Mais le psychologue ne doit pas quitter son rôle qui est de vous faire réfléchir, avec bienveillance et non-jugement, de façon à vous amener vers la mobilisation de vos ressources. Et c'est parce qu'il y a une alliance possible entre l'empathie et le non jugement, au sein d'un cadre clair et contenant, que vous pouvez vous livrer avec profondeur dans les recoins les plus douloureux de votre vie psychique.


L'écoute d'un ami n'est pas celle d'un psychologue


Question à un million : Pourquoi faut-il faire des études pour écouter les problèmes des autres ?


Lorsque vous vous confiez à un psychologue, celui-ci n'est pas juste à l'écoute de ce que vous dites mais aussi, de ce qui ne se dit pas, et c'est là le coeur de son travail. Non je vous rassure, il n'est pas question ici de chamanisme ni de mentalisme (non non non, nous ne sommes toujours pas tout puissant !). En fait, si nous devions imager la pensée d'un psychologue face à son patient, nous pourrions choisir un arbre, avec ses racines et ses branches qui ne cessent de grandir au fil de son récit. Une consultation psychologique est à l'image d'une randonnée dans laquelle le psychologue et son patient s'engagent ensemble avec un effort partagé, dans un endroit vivant.



Le psychologue mémorise les séances, il prends des notes, ce qui lui permets progressivement de faire des liens et d'analyser de plus en plus de choses pendant son temps d'écoute : votre personnalité, votre système familial avec ses schémas de croyance et leurs impacts, les noeuds psychiques, les ressources déployées, les sujets qui font résistances, vos mécanismes de défense, ce que vous êtes en train de faire bouger en vous ou pas, etc... Pendant ce temps, le psychologue doit aussi mesurer la façon dont il doit s'ajuster à ses propres ressentis, aux moments de silence nécessaires, au ton de votre voix, à votre posture, à ce qui n'est pas formulé, etc. Enfin, il doit aussi veiller à faire la part des choses entre ses propres problématiques et les vôtres s'il a des points communs avec votre histoire. Le but étant que la relation thérapeutique soit toujours au service du patient.


Chaque mot et chaque ressenti possèdent son importance car ils sont des outils de travail, ce qui sollicite une immense concentration nécessaire. Cela s'appelle l'écoute active. Et c'est parce que le psychologue met en oeuvre cette écoute-là que cela permets au patient d'être à sa propre écoute. C'est en quelque sorte un processus en miroir qui se joue.


L'écoute d'un ami possède évidemment toute son importance et ses bienfaits, mais cela n'implique pas une telle mobilisation au niveau de sa concentration ou de son savoir. Un ami n'est pas au travail avec vous. Il est avec vous, simplement. Ce n'est pas mieux ou moins bien, ce sont juste des relations totalement différentes et qui n'ont pas les mêmes vertus.


La formation


Je termine cet article par le point finalement le plus important : la formation. Qu'est-ce qu'apprend un psychologue pendant cinq années ?


Le psychologue a étudié tout ce qui concerne la colonne vertébrale d'un appareil psychique mais aussi l'anatomie du cerveau et son fonctionnement, les psychopathologies, et l'accompagnement pratique d'un humain en souffrance psychique. Un parcours d'études pour devenir psychologue est constitué de trois années de Bachelier et de deux années de Master que l'on choisit avec une spécialité. Chaque psychologue possède son orientation d'accompagnement : la thérapie cognitivo-comportementale, la psychanalyse, l'approche systémique et la neuropsychologie. Cette formation recquiert également au moins 500 heures de stage en institution.


Tout ce bagage théorico-pratique permet d'accompagner les souffrances qui peuvent ponctuer la vie humaine telles que le burn-out, la dépression, les troubles anxieux, les jeux relationnels qui font souffrance, les troubles du comportement chez l'enfant, les troubles de la personnalité, les troubles du comportement alimentaire, le trouble du stress-post-traumatique et j'en passe.



Il peut arriver dans notre vie que nous soyons touchés par des problématiques que nous ne soupçonnons pas et qui nécessitent l'intervention d'un psychologue. Il peut arriver que nous ayons tout essayé : faire du sport, parler à des amis, partir en retraite de Yoga à Bali, lire des livres de développement personnel, faire un régime, de l'acuponcture etc. Toutes ces choses sont évidemment des très bonnes idées, elles sont importantes et font partie de votre cheminement, mais parfois, s'engager dans un travail thérapeutique auprès d'un psychologue est tout de même nécessaire.


Cela peut faire peur, bien sûr, car il faut trouver le bon psychologue, au bon moment pour vous. Le bon moment est celui où vous vous sentirez prêt à vous engager dans cette démarche. Le bon psychologue quant à lui, est celui chez qui l'on va se sentir contenu, compris, respecté. Il est celui aussi qui pratique l'approche qui est adaptée à votre demande. C'est une rencontre. Il est celui qui ne va pas prétendre être celui qui va vous sauver. Il est aussi celui qui ne dépassera pas son cadre pour devenir votre meilleur copain.


Car les meilleurs copains, ça ne se remplace pas non plus.












 
 
 

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